Biographie
Naissance d'un prodige
Initié aux joies du pilotage dès son plus jeune âge, Ayrton Senna disputa ses premières compétitions de karting à l'adolescence. Champion d'Amérique du Sud de kart en 1977, puis vice-champion du monde de la spécialité en 1978 et 1979, il fait en 1981 le grand saut vers l'Angleterre, passage quasi-obligatoire pour rêver à une grande carrière internationale. En Angleterre, Senna ne tarda pas à se forger une solide réputation dans le milieu du sport automobile. Champion d'Angleterre de Formule Ford en 1981, champion d'Angleterre de Formule Ford 2000 en 1982, il décrocha en 1983 le très prisé championnat d'Angleterre de Formule 3.
La rapidité de Senna, allié à un style en piste très agressif ne passa pas inaperçue et déjà, les plus prestigieuses écuries de Formule 1 avaient le garçon à l'oeil. Durant l'été 1983, alors que sa saison de Formule 3 n'était pas achevée, il fut convié à un test par l'écurie Williams. Quelques mois plus tard, ce sont les prestigieuses équipes McLaren et Brabham qui testèrent le jeune espoir brésilien. Mais pour diverses raisons, toutes ces grandes équipes ne furent pas en mesure de proposer à Senna un volant pour le Championnat du monde de Formule 1 1984. C'est donc finalement au sein de la plus modeste équipe Toleman que Senna effectua ses débuts en GP.
S'il était alors considéré comme l'un des grands espoirs de la Formule 1, Senna effectua ses premiers pas dans le championnat du monde de manière relativement anonyme, dans le ventre mou du peloton. Mais son statut changa soudainement à l'occasion du GP de Monaco 1984, le cinquième GP de sa carrière. Alors que des trombes d'eau s'abattaient sur la Principauté et mirent en déroute la plupart des tenors, Ayrton Senna livra une prestation de toute beauté. Parti du fond de grille, il était sur les talons du leader Alain Prost lorsque la course fut stoppée pour raisons de sécurité. Cette performance lui valut de voir à nouveau affluer les offres des plus grandes équipes. Fin 1984, il rejoignit ainsi l'écurie Lotus-Renault.
Premiers succès
Chez Lotus, au sein d'une équipe capable de jouer régulièrement la victoire, Senna confirma immédiatement son potentiel en remportant en début de saison le GP du Portugal disputé sous le déluge. Plus tard dans l'année, c'est sur le très sélectif tracé de Spa-Francorchamps qu'il remporta sa deuxième victoire. Chez Lotus, Senna était particulièrement apprécié car outre ses qualités de pilotage, il faisait preuve d'une acuité rare dans le dialogue technique avec les ingénieurs. En 1986 et 1987, Senna continua de jouer les premiers rôles en F1, décrochant au passage sa première victoire à Monaco (ainsi que la dernière victoire de l'écurie Lotus au volant de la Lotus 99T), mais sans parvenir à véritablement prétendre au titre mondial, l'écurie Lotus apparaissant un peu limitée face aux deux grosses équipes qu'étaient Williams et McLaren.
La rivalité avec Prost
En 1988, la carrière de Senna prit une nouvelle dimension avec son arrivée (conjointement à celle du motoriste Honda) chez McLaren. Pour Senna, l'arrivée chez McLaren marqua aussi le début de sa grande rivalité avec Alain Prost, son nouvel équipier, et alors considéré comme le meilleur pilote du monde. 1988 fut la saison de la consécration pour Senna puisqu'il remporta son premier titre mondial. Titre décroché au GP du Japon à l'occasion de l'avant-dernière épreuve du championnat à la suite d'une folle remontée rendue nécessaire par un départ complètement manqué.
En 1989, Prost prit sa revanche sur Senna. Mais autant la saison 1988 avait été celle de l'entente cordiale entre les deux équipiers, autant 1989 fut celle de la polémique. En 1988, il avait été certes question du traitement de faveur des motoristes de Honda en direction de Senna au détriment de Prost, et Senna s'était rendu coupable d'une manoeuvre dangereuse sur Prost lors du GP du Portugal, mais cela n'avait pas entaché les rapports entre les deux hommes. Changement d'atmosphère dans les jours suivant le GP de Saint-Marin 1989. Prost accusant Senna de ne pas avoir respecté un pacte au départ du GP (les deux hommes s'étaient mis d'accord pour ne pas s'attaquer au premier virage, afin de ne pas risquer un accrochage bête), le patron de McLaren, Ron Dennis, entreprit de réunir les deux hommes quelques jours plus tard à l'occasion d'une séance d'essais privés en Angleterre pour regler le différent. Prost révéla à la presse française que sermonné par Ron Dennis, Senna avait pleuré lors de cette réunion, déclenchant la fureur du Brésilien.
Les rapports ainsi envenimés entre les deux hommes aboutirent à l'accrochage du GP du Japon 1989 en fin de saison. Prost répliqua à une tentative de dépassement de Senna en le tassant à l'entrée d'une chicane, provoquant l'accrochage. Reparti en court-circuitant la chicane, Senna remporta la course (victoire synonyme d'espoirs retrouvés dans la lutte pour le titre) mais fut disqualifié.
Prost parti chez Ferrari en 1990, la lutte reprit de plus belle entre les deux hommes et aboutit sur un nouvel accrochage, toujours à Suzuka. Irrité que l'auteur de la pole-position (c'est à dire lui-même) soit placé sur le côté poussiereux de la piste, Senna eperonna volontairement Prost à l'abord du premier virage, à haute vitesse, s'octroyant ainsi son deuxième titre mondial. Simple revanche de l'accrochage de 1989 pour les uns, manoeuvre folle et anti-sportive pour les autres, l'accrochage de 1990 acheva de faire de Senna l'un des pilotes les plus controversés de son temps.
En 1991, malgré la montée en puissance des Williams-Renault, Senna décrocha un troisième titre mondial. Mais en 1992, il ne fut pas en mesure de résister à l'invincible Mansell, pas plus qu'en 1993 face à Prost, à son tour au volant de la Williams-Renault. Mais malgré un matériel qui en en 1993 n'était pas le plus compétitif du plateau (Mclaren avait troqué les V12 Honda pour un V8 Ford), Senna livra quelques éclaboussantes démonstrations de pilotage, la plus célèbre d'entre elles ayant eu lieu sous la pluie de Donington, où Senna dépassa quatre voitures (dont celle de Prost) lors d'un premier tour d'anthologie.
La mort de Senna
Après avoir vainement tenter de rejoindre Williams-Renault fin 1992 (Prost qui venait de signer dans cette écurie opposa son veto à la venue de Senna, lequel menaça de rejoindre les compétitions américaines avant de finalement disputer une ultime saison pour le compte de McLaren), Senna rejoignit l'écurie franco-anglaise fin 1993, Prost ayant pris sa retraite. Présenté comme le grand favori du championnat 1994, l'histoire tourna pourtant au drame. Au volant d'une voiture plus rétive que prévue, Senna dut subir la loi de Michael Schumacher à l'occasion des deux premières courses de la saison. Lors de la troisième course, disputée sur le tracé d'Imola en Italie le 1er mai 1994, il perdit le contrôle de sa monoplace dans la courbe rapide de Tamburello avant d'aller heurter un mur de béton avec une rare violence. Après avoir subi des soins d'urgence à même la piste, Senna fut héliporté à l'hopital Maggiore de Bologne où sa mort fut officiellement prononcée en fin d'après-midi.
Les raisons de l'accident d'Ayrton Senna n'ont jamais été élucidé. L'hypothèse la plus répandue est celle d'une rupture de la colonne de direction. Senna avait lui-même exigé quelques jours avant le drame que cette colonne soit reconçue de manière à améliorer son confort de pilotage. La modification ayant été réalisé dans l'urgence,une mauvaise soudure aurait donc été la cause de la rupture de la colonne de direction. Cela valu aux principaux responsables de l'écurie Williams (Frank Williams le propriétaire de l'écurie, Patrick Head, le co-propriétaire et directeur technique de l'écurie, et Adrian Newey, le concepteur de la voiture) d'être traduit devant la justice italienne. Mais à l'issue d'une longue procédure de près de dix années, la justice prononça l'acquittement des divers intéressés.
D'autres hypothèses ont été avancé, parfois farfelues (un malaise de Senna, qui avait l'habitude de piloter en apnée sur de longues portions), parfois plus intéressantes, comme celle qui évoque une chute de la pression des pneumatiques (due à un possible passage sur un débris présent sur la piste, où tout simplement en raison de la baisse de rythme consécutive aux nombreux tours couverts sous safety-car juste avant le drame). La baisse de pression de pneus aurait alors entraîné une baisse de la garde au sol de la voiture. Cette dernière, au passage d'une bosse, aurait talonné (le fond-plat de la voiture venant directement au contact de la piste, la voiture est privée de l'adhérence générée par l'effet de sol, se retrouve transformée en luge, et devient incontrolable), expédiant Senna hors-piste.
Senna depuis 1994
Issu d'un milieu aisé, lui-même rapidement multi-millionnaire, Senna n'en était pas mois préoccupé par les graves difficultés économiques et sociales de son pays. Finançant pendant plusieurs années des oeuvres charitatives, Senna avait commencé à la fin de sa vie à réfléchir à un projet de plus grande envergure visant à aider les enfants les plus démunis. Senna disparu, c'est sa sœur Viviane Senna Lalli qui a concrétisé les projets du pilote brésilien, en mettant sur pied la Fondation Ayrton Senna, un organisme qui met en place des projets éducatifs pour les enfants les plus démunis.
Carrière
- 1984: Toleman-Hart
- 1985: Lotus-Renault
- 1986: Lotus-Renault
- 1987: Lotus-Honda
- 1988: McLaren-Honda
- 1989: McLaren-Honda
- 1990: McLaren-Honda
- 1991: McLaren-Honda
- 1992: McLaren-Honda
- 1993: McLaren-Ford
- 1994: Williams-Renault
Palmarès
- Champion du monde : (3)- 1988, 1990, 1991 avec l'équipe McLaren
- Nombre de GP : (161)
- Podiums : (81)
- Pôles : (65)
- Victoires (41) :
- Grand Prix automobile d'Allemagne : 3
- Grand Prix automobile d'Australie : 2
- Grand Prix automobile de Belgique : 5
- Grand Prix automobile du Brésil : 2
- Grand Prix automobile du Canada : 2
- Grand Prix automobile d'Espagne : 2
- Grand Prix automobile des États-Unis : 5
- Grand Prix automobile de Grande-Bretagne : 2
- Grand Prix automobile de Hollande : 3
- Grand Prix automobile de Hongrie : 2
- Grand Prix automobile d'Italie : 2
- Grand Prix automobile du Japon : 1
- Grand Prix automobile du Mexique : 1
- Grand Prix automobile de Monaco : 6 (record)
- Grand Prix automobile du Portugal : 1
- GrandPrix de Saint-Marin : 3
Victoires
-
1985 -
GP du Portugal
-
GP de Belgique
-
1986 -
GP d'Espagne
-
GP de Détroit
-
1987 -
GP de Monaco
-
GP de Détroit
-
1988 -
GP de Saint Marin
-
GP du Canada
-
GP des Détroit
-
GP d'Angleterre
-
GP d'Allemagne
-
GP de Hongrie
-
GP de Belgique
-
GP du Japon
-
1989 -
GP de Saint Marin
-
GP de Monaco
-
GP du Mexique
-
GP d'Allemagne
-
GP de Belgique
-
GP d'Espagne
-
1990 -
GP des USA
-
GP de Monaco
-
GP du Canada
-
GP d'Allemagne
-
GP de Belgique
-
GP d'Italie
-
1991 -
GP des USA
-
GP du Brésil
-
GP de Saint Marin
-
GP de Monaco
-
GP de Hongrie
-
GP de Belgique
-
GP d'Australie
-
1992 -
GP de Monaco
-
GP de Hongrie
-
GP d'Italie
-
1993 - GP du Brésil
- GP d'Europe
- GP de Monaco
- GP du Japon
- GP d'Australie