dimanche 27 décembre 2009, par Jean-Marie Allafort
Lorsque l’armée israélienne entama son incursion dans la Bande de Gaza le 27 décembre 2008, peu de personnes en Israël n’imaginaient les conséquences d’une telle opération. Le gouvernement de Ehud Olmert avait commencé par une guerre, au Nord contre le Hezbollah, il s’achevait par une autre au Sud, cette fois contre le Hamas. La première fut présentée comme un échec essentiellement à cause du nombre des morts aussi bien civils que militaires, alors que la seconde fut tout de suite considérée comme une victoire parce que précisément le nombre de victimes israéliennes avait été très faible.
Israël allait payer un autre prix, plus lourd et plus durable. Le prix d’être dénoncé comme un pays dans lequel la barbarie est la norme, où l’armée viole toutes les règles internationales et où le cynisme politique l’emporte sur la raison.
Les porte-paroles ont beau parler, les ministres justifier et le président Shimon Pérès expliquer, rien n’y fait. La guerre des images à fait perdre la bataille à Israël. Et la tâche de l’immoralité ne se nettoie pas tellement facilement.
Depuis l’opération ’plomb durci’, qu’on aurait mieux fait de qualifier de ’plomb en déliquescence’, Israël est affaibli sur le plan international. Le rapport Goldstone est le meilleur exemple de cette discréditation continue d’Israël. Ehud Barak ou Tsipi Livni craignent de se rendre à Londres ou dans d’autres capitales du monde de peur d’être arrêtés pour crime de guerre. Les relations avec la Turquie, qui n’étaient d’ailleurs pas au beau fixe, se sont gravement dégradées. Les dirigeants des pays arabes modérés sont très prudents et ne veulent faire aucun geste positif vers Israël tant leurs populations sont encore marquées par les images violentes d’une guerre qu’un célèbre journaliste israélien avait osé qualifier de "propre".
Le drame fut surtout celui de la couverture médiatique. Deux histoires complètement opposées furent racontées en même temps à deux populations différentes. En Israël, on se garda bien de montrer comment l’opération se déroulait du côté palestinien. La presse israélienne, pourtant très libre et critique, commit un péché d’omission et ne prépara pas l’opinion israélienne à l’après-guerre. La presse étrangère, quant à elle, raconta avec moult détails l’histoire du drame palestinien en oubliant de s’arrêter sur celui des habitants israéliens autour de la Bande de Gaza qui, depuis 7 ans, subissaient roquettes et autres projectiles mortifères. Comme bien souvent lorsque deux versions d’une même histoire sont racontées, la plus émotionnelle et la plus meurtrière est celle qui est retenue.
Est-ce que le Hamas a été affaibli suite à cette opération ? Cette question est posée régulièrement par les analystes politiques israéliens et par l’état-major de Tsahal. Les réponses varient bien évidemment. Au niveau des faits, on constate que depuis "Plomb durci" le nombre de roquettes et d’obus de mortier lancés sur le territoire israélien a significativement diminué : 280 en 2009 contre 750 l’année précédente. Les Israéliens qui résident près de la Bande de Gaza ont pu reprendre une vie à peu près normale. Il serait injuste d’élucider cette donnée. De là, on ne doit pas en déduire que le Hamas est en déconfiture et qu’il a perdu de sa vigueur. Les journalistes étrangers qui se flattent de pouvoir pénétrer dans le territoire dirigé par le mouvement islamique sont en fait muselés par la peur. Ils ne peuvent pas dire la vérité par crainte de représailles.
Enfin, lors du lancement de l’opération militaire, les Israéliens espéraient exercer une pression sur le Hamas pour qu’il libère à moindre frais Guilad Shalit. Erreur de stratégie ! Le prix pour sa libération ne fait qu’augmenter avec les jours.
source : http://un-echo-israel.net/Un-an-apres-l-operation-a-Gaza