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les vieux dossiers : l'affaire Mahmoud BenAyad

L'affaire Mahmoud Ben Ayad est une affaire judiciaire tunisienne qui dure de 1857 à 1876 et découle des détournements de fonds publics de Mahmoud Ben Ayad, de son complice, le directeur de la trésorerie Nessim Samama, et surtout du grand vizir Mustapha Khaznadar.

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L'affaire est l'un des exemples les plus frappants de la mauvaise gestion des deniers publics par des ministres corrompus et des proches du pouvoir. Tous ces détournements et gestions irresponsables ont conduit l'État tunisien à la faillite et à une dépendance financière vis-à-vis de l'Europe, l'une des causes de l'instauration du protectorat français en Tunisie. Plusieurs hommes politiques de l'époque ont relaté les principaux évènements de cette affaire, dont Ibn Abi Dhiaf et le général Husseïn.

Mahmoud Ben Ayed (محمود بن عياد), né en 1805 à Tunis et décédé en 1880 à Constantinople. Il est issu d'une famille de marchands de la bourgeoisie tunisoise, d'origine djerbienne, qui s'intègre en 1740 à la cour beylicale et constitue une dynastie de caïds et de fermiers généraux. Son père est un grand personnage en vue à la cour du bey de Tunis, Ahmed I Bey, mais dont le crédit ne tarde pas à baisser.

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Dès 1840, Mahmoud Ben Ayed parvient à se hisser aux plus haut postes de l'État tunisien. Il y accapare une grande partie des fermes fiscales de l'État et plusieurs caïdats lui sont cédés. Il se rapproche d'Ahmed I Bey et, surtout, de son principal ministre, Mustapha Khaznadar. Il place son complice, Nessim Samama, comme directeur de la trésorerie. On apprend plus tard que c'est à partir de cette époque que Ben Ayed transfère ses détournements vers l'étranger et sollicite la nationalité française pour se placer sous la protection du consul de France ou s'expatrier lui-même.

En 1857, le nouveau bey de Tunis Mohammed, face aux déficits du trésor tunisien, met en place une commission spéciale pour apurer les comptes de Ben Ayed. Elle est composée du comte Guiseppe Raffo, Italien au service du bey comme ministre des affaires étrangères, de Mustapha Saheb Ettabaâ, ancien ministre qui jouit d'une réputation « d'honnêteté et de justice proverbiale » selon Léon Roches (consul français de l'époque), du premier secrétaire beylical et homme de confiance de Mohammed Bey, et enfin du ministre et général Husseïn.

Très vite, la réalité des sommes détournées devient faramineuse : on parle de plus de vingt millions de piastres tunisiennes, ce qui correspond quasiment à la dette de l'État tunisien envers les banques étrangères. À cette époque, Ben Ayed est déjà en France. Comme le recours à la force est impossible, le gouvernement envoie plusieurs émissaires, dont les généraux Husseïn et Rachid, pour tenter de le ramener en Tunisie mais rien n'y fait ; celui-ci mène alors grand train à Paris, Alphonse Daudet le surnommant le « nabab de Paris » et finit ses jours à Constantinople.

La commission ne peut toutefois affronter Mustapha Khaznadar, qui reste jusqu'en 1876 l'homme le plus influent et le plus puissant du régime. Le général Husseïn tente plusieurs fois de le dénoncer ainsi que le nouveau grand vizir Mustapha Ben Ismail, jugé tout aussi corrompu, à l'opinion tunisienne et au bey, dont il est très possible qu'il ait connu les agissements de ses ministres. Mais Husseïn se voit contraint de démissionner en 1863 et de quitter la Tunisie. Il faut attendre une autre commission, mise en place en 1876 par Sadok Bey en raison des difficultés financières grandissante de l'État, pour voir les enquêtes reprendre. Présidée par Kheireddine Pacha, la seconde commission met en évidence le rôle de Khaznadar dans le détournement de près de deux millions de francs de l'époque et conclut également que ce ministre avait été le principal instigateur des détournements à l'époque de Ben Ayed.

Commentaires

  • Merci pour cette note mais il ne faut pas oublier le rôle de la france dont la justice a protégée Ben Ayed et l'a innocenté dans la majorité des affaires dont il est coupable à l'encontre du Royaume de Tunis.

  • allah le yarham mahmoud ben ayed

  • allah le yarham mahmoud ben ayed

  • L'histoire de la colonisation dans notre pays est liée directement à la corruption, à la traîtrise et la lâcheté, aux malversations et à la dilapidation des deniers publics. Ces pratiques ont abouti à une faillite totale du trésor public dont la conséquence était une augmentation de la pression fiscale (El Majba) qui est passée par exemple d'un impôt sur la récolte des olives à un impôt sur l'olivier (qu'il produise ou non le propriétaire doit payer un impôt annuel alors que la récolte est tributaire des conditions climatiques ce Majba a provoqué des révoltes dans différentes régions et notamment dans le centre et le sud ouest comme toujours). Historiquement la période qui s'étale de 1840 à 1881 peut être considérée comme la période d'un ratage pénible et malheureux pour notre pays : la Tunisie a été le premier pays a s'orienter vers un système de monarchie parlementaire authentique, la création d'une banque centrale pour l'émission monétaire en 1847 à l'époque de Ahmed Bey (dont les traces existent aux archives nationales), la création d'une banque de dépôt. Mustapha Khaznadar, un dirigeant très corrompu, a fait échouer toute cette orientation positive qui aurait pu faire de la Tunisie un pays moderne et démocratique. Il a installé des pions à sa solde dans le parlement pour le détourner de sa vraie vocation de contrôle de l'exécutif et pour couvrir ses malversations. Le résultat : aucun contrôle sur le pouvoir, des fuites de capitaux, du vol manifeste et la France usant de sa puissance guerrière et notamment maritime(mais aussi toutes les autres puissances régionales Italie, Angleterre, Turquie etc...), agissait en catimini pour couvrir ces pratiques afin de pousser le pays à la faillite et le cueillir facilement au moment opportun : chose faite avec la signature du traité du Bardo en 1881 consacrant le protectorat et la colonisation du pays en prétextant de l'impossibilité de paiement des dettes envers la France. Pour écarter les velléités des autres puissances la France a garanti le paiement des dettes tunisiennes envers l'Angleterre, l'Italie et d'autres pays concernés.
    L'histoire se répète et se ressemble pour ceux qui ne prennent pas la peine de la lire et d'en retenir les leçons combien douloureuses et catastrophiques pour les pays et les peuples.
    Je me rappelle vers les années 1982-83 feu Mohamed MZALI était premier ministre, un directeur commercial au groupe chimique a détourné quelques millions de dinars qu'il avait logés en France et a pris la fuite pour se réfugier dans ce pays. Les autorités tunisiennes ont fait des démarches pour l'extrader et le juger. Nous avons été surpris par le refus total signifié par les autorités françaises qui ont préféré couvrir le voleur et l'argent avec lui qui a été investi en France Dieu sait dans quelle condition d'arnaque.
    Aujourd'hui malheureusement on assiste à un scénario très semblable. Jugez -en :
    - Au début des années soixante notre pays a été laissé en ruine par la colonisation française : pauvreté, analphabétisme, terres fertiles confisquées par les colons, absence de droits de douanes pour protéger l'embryon d'industries locales (tissage et notamment de la soie produit à haute valeur ajoutée, cuir et chaussures, articles en bois et en cuivre etc...). Le programme de développement national qui s'inspirait directement des délibérations du Congrès de l'UGTT de 1956 avait misé sur un sursaut national pour rompre avec la colonisation, rendre au peuple sa dignité, lutter contre les maladies contagieuses qui ravageaient la population, multiplier les écoles jusque dans les zones rurales les plus lointaines et les lycées dans toutes les villes. Sans grands moyens financiers, avec très peu de cadres, la Tunisie a pu réaliser un miracle. En l'espace de moins d'une décennie elle a créé un tissu industriel fort et solide qui valorisait nos matières premières locales et qui se répartissait équitablement sur tout le territoire : création de la STEG, de la SONEDE, de Tunis Air, usine El Fouladh à Menzel Bourguiba, la raffinerie STIR à Bizerte, l'usine de papier à Kasserine à base de l'alfa locale, la STS pour la production du sucre de betteraves à Béja, le Groupe chimique à Gabès et à Sfax, la STIA à Sousse, la SOGITEX à Bir El Kassaa Ben Arous et la SOMOTEX à Monastir pour la fabrication du tissu, le meuble avec Skanès meuble, la société le Confort pour l'électroménager, la nationalisation des terres agricoles et la création de l'OTD pour gérer ce patrimoine national fort important. En bref c'était une épopée de reconstruction nationale basée sur une épargne nationale malgré sa minceur et sur des crédits étrangers judicieusement utilisés pour créer des unités productives nationales à très forte valeur ajoutée dont le produit sert à enrichir et à développer le pays. On peut bien sur spéculer sur l'initialisation du système des coopératives dans l'agriculture et les services, système qui du reste est remis à jour aujourd'hui même s'il use de dénominations différentes (économie sociale, micro crédits, associations et coopératives de services), mais il n'empêche que cette période a consacré un modèle de développement national et authentique qui a rompu avec la dépendance vis à vis des puissances étrangères et notamment coloniales.
    La rupture totale avec ce modèle en 1970 et l'instauration de la loi de 1972 consacrant les investissements offshore basés sur la main d'œuvre à bas salaires et à effets d'intégration quasi nuls, notre pays s'est jeté de nouveau dans un système de domination rampante qui, avec la conclusion de l'accord d'association avec l'union Européenne en 1995, aidée et couverte par la dictature et le népotisme du régime déchu; ont abouti à un système prédateur qui a ruiné notre pays : un million de chômeurs, des déséquilibres structurels de nos finances publiques (17,863 milliards de déficit commercial en 2013 soit 65% du budget national de 2014, un tissu industriel composé à plus de 40% par des sociétés offshore qui ne payent aucun impôt, ces sociétés bénéficient de la possibilité d'écouler jusqu'à 30% voir même 40% avec la bénédiction de la troïka sur le marché local bravant les lois de la concurrence loyale et détruisant le tissu industriel local (cuir et chaussures, meubles, plastiques etc) tout en ouvrant la porte à des trafics de commerce parallèle car les containers circulant dans les locaux de ces sociétés sont à l'origine de toute la genèse du commerce parallèle dans notre pays. Résultat : notre pays est en ruine et endetté, sous mandat de l'union Eu
    ropéenne, totalement investi par des organisations européennes jusque dans nos ministères régaliens (M. Industrie, M. Commerce, M. des Equipements et j'en passe) et dépendant des instances internationales. Comble de malheur, ces mêmes instances internationales (FMI, Banque Mondiale, BAD, BEI) qui n'ont pas cessé de faire l'éloge de l'offshore en le défendant pendant quarante ans malgré les protestations des militants nationalistes et progressistes , viennent de faire semblant de reconnaître ses limites en qualifiant d'une manière fort hypocrite d'essoufflement du système offshore au lieu d'avouer son échec cuisant et ses répercussions catastrophiques sur notre pays.
    Mais pour revenir à la traîtrise, à la lâcheté au népotisme et à la corruption des responsables tunisiens, il est frappant de constater la similitude avec la période 18840-1881. Des responsables qui s'abaissent pour brader les intérêts de leur pays moyennant des miettes futiles et ridicules le plus souvent et qui se mettent à défendre les intérêts des puissances étrangères au dépend de ceux vitaux du pays. Nous assistons à un vrai mercenariat partant du sommet du système jusqu'à la base, et englobant les universités et les organisations nationales surtout au niveau de l'UTICA qui n'a pas pu à ce jour engager sa vraie réforme.
    Résultat un pays quasi-ruiné, ouvert aux prédateurs intérieurs et extérieurs de tout bord qui attendent de cueillir ses richesses à très bas prix : phosphates, pétrole et gaz, énergies renouvelables, terre agricole, société de transport (Tunis Air et SNCFT), ce qui reste des banques nationales, immobilier, agriculture et services…
    Un sursaut national pour mettre un frein à cette occupation rampante et asservissante est plus qu'urgent et nécessaire. Un appel est lancé à tous les tunisiens nationaux et authentiques pour s'unir afin de sauver notre pays avant qu'il ne soit trop tard.

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